Moussa Paye, Journaliste, intellectuel, Révolutionnaire
http://www.sudonline.sn Moussa, je n’ai pas souvenance que tu aies jamais manqué un rendez-vous après que ton engagement avait été acquis, lorsque la cause méritait que tu fusses aux côtés d’autres volontaires pour servir ton pays, pour servir ton peuple. Mais hier mercredi, ton siège est resté inoccupé. Et pourtant l’ordre du jour était dans le sillage de ce qui t’a fait bouger des décennies durant, depuis que tes yeux de gamin de la Médina ont été ouverts à la capacité de résistance de manifestants tombant un à un sur le Boulevard du Centenaire, sous une pluie de balles à la périphérie de « Cerigne », Penc de la Collectivité dont tu as partagé valeurs et histoire. On était en 1963. Ton caractère et ton engagement en seront plus tard, définitivement forgés.
Hier mercredi 25 mars, on ne t’a pas attendu dans les locaux du CODESRIA, pour la réunion de la Commission Communication engagée dans le Projet d’Ecriture de l’Histoire générale du Sénégal plus que cher au Pr Iba Der Thiam soutenu par les plus hautes autorités du pays.
Autour de Abdourahmane Wone, Président de la Commission, les participants à la réunion se sont pliés à la détermination de plus ponctuel que n’importe qui : la faucheuse ne manque jamais ni son coup, ni à son rendez-vous. Elle a, pour l’éternité, bloqué ton horloge parce que lundi, c’était ton tour de la recevoir, devant chez toi. Te voila emporté, dans la dignité. C’aurait pu être un retrait discret, si le Dakar militant, le Dakar intellectuel, le Sénégal des diversités ne s’étaient mobilisés à Yoff pour te rendre cet hommage en rien démesuré. Tes jeunes confrères de l’Enquête ne s’y sont pas trompés. Oui, la Presse a perdu « Sa Mémoire ». Une mémoire de militant. La Presse a perdu la plume alerte d’un brillant chroniqueur politique, cultivé, engagé. De cet engagement tu as souvent payé le prix, passant alors pour un homme incapable de concession. On peut te comprendre. Certains compromis sont poussés à des niveaux qui frisent la compromission. Un terrain sur lequel tu ne pouvais te mouvoir. La Commission Communication que tu viens de quitter si brusquement a fait, il y a quelques semaines, l’expérience de ton attachement à la parole donnée. Le débat autour d’un site à créer pour le Projet a régulièrement butté sur ton argument maintes fois ressassé en des termes qui résonnent encore dans la salle qui abrite nos rencontres : ce qui nous mobilise a une appellation officielle, as-tu rappelé plusieurs fois, insistant pour que le monde entier, le monde de la Toile retienne : « HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL ». Le Président Iba Der Thiam tenait en toi un précieux expert.
A la Médina, était Baye Moussé…
Voila un trait de caractère de … Moussa Paye. Un nom et un prénom qui ont surpris l’intéressé, un jour de rentrée de classes. Il venait d’être inscrit au CP1 (Cours Préparatoire 1ère année d’alors, devenue CI). Dans la liste des appelés par le maître, le jeune Lébou de Dakar raconte avoir entendu un « nom qui ressemble étrangement » au sien. « Moussa Paye ici ? comme cela ressemble à mon nom » se dit le petit garçon. Il s’abstint de répondre puisque pas encore appelé, pense-t-il. Chez lui à la Médina, ii a toujours répondu à l’appellation Baye Moussé Pape. L’enseignant fit les premiers pas et le « bleu » découvrit son nom à l’Etat civil.
Moussa Paye sera plus tard sur tous les terrains de la politique, parmi les forces de la gauche radicale. De cette ligne, il ne s’éloignera jamais du rêve de changer le Sénégal, changer l’Afrique, lire le monde autrement. Il fit avec sa plume et son ordinateur ce que la communauté politique n’a pas (encore ?) permis de réaliser. Eveil de conscience, information citoyenne, dénonciation de l’injustice, prises de positions courageuses. Rester seul dans « sa vérité », s’il le faut, plutôt que se compromettre dans des positions dont les tenants ne l’ont pas convaincu.
Le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti, Promotion 1978) lui a donné les premières armes pour s’adresser aux publics de la Presse. La maîtrise de l’écriture journalistique acquise, le reste s’est décliné, au fil des décennies, en traitements de l’information, analyses, commentaires et chroniques. Sur ce terrain, Moussa était imbattable. Intraitable aussi devant l’adversité idéologique. Illustration par Sud Magazine, ancêtre de tous les produits du Groupe Multimédia Sud Communication.
La question tchadienne s’est un jour invitée aux discussions entre journalistes dans la Rédaction. On en vint à décider d’en faire le sujet principal de l’édition en préparation. Les thèses défendues par certains étaient loin de convaincre d’autres. Sud Magazine décida que toutes les positions recevraient un égal traitement dans la publication. Les fondateurs et ceux qui rejoignirent plus tard l’équipe rédactionnelle de Sud, parlaient alors plus de politique éditoriale que de ligne politique. L’expression de la diversité y était assurée pour renforcer l’indépendance de la publication. Une équipe qu’il était loisible à tout journaliste de rejoindre, si la compétence était avérée et la confiance méritée. Moussa Paye y avait sa place, comme d’autres de sa génération et plus jeune. A Sud ou ailleurs, comme collaborateur extérieur, chroniqueur associé ou éditorialiste invité, peu importe. Moussa a écrit pour différentes publications au Sénégal et ailleurs.
… au Cesti, Paye le Rouge
Révolutionnaire dans l’âme, ce qui te valut le surnom de « Paye le Rouge » traduit en Roxo, tu devais présenter le profil d’un homme mal à l’aise dans l’immobilisme, Pourtant Moussa Paye, tu as réussi la prouesse d’être resté toute sa carrière durant, fonctionnaire au Ministère ayant la tutelle des médias. Un choix d’activité aux antipodes de ce qui semble être, selon toi, la marque de fabrique de deux journalistes de ta génération. Tu avais une explication à ce que tu as toujours considéré comme « l’instabilité atavique des « fils de… » ». Tu ne t’y es jamais trompé cependant. Tu savais faire la différence entre « fils de … » négativement chargé dans le contexte actuel et « enfant de… ». La rue n’est jamais très loin quand on ne peut s’accommoder des rigueurs de la sédentarisation, même au plan professionnel. En cela Moussa, toi et moi n’étions jamais du même bord.
Et, toi aussi, tu avais comme une double vie. Celle du fonctionnaire loyal et dévoué à la cause républicaine, mais aussi, celle de l’intellectuel libre et capable de rejoindre toutes les bonnes causes. Ceux qui t’ont connu et apprécié n’ont pas voulu manquer l’ultime rendez-vous pour ton adieu aux vivants. Ainsi, tu n’as pu être à la réunion d’hier mercredi. Le Président Iba Der Thiam qui pilote le Projet t’avait retenu pour une place au présidium du séminaire des samedi et dimanche prochains à l’Ucad 2, on y priera pour que tu reposes en paix à Yoff.
Ultime ratage, comme on dit dans le métier, tu ne seras pas au Grand Rendez-vous dont tu rêvas aux côtés du Pr Iba Der Thiam, entre autres sommités du monde universitaire. Ton nom n’en figurera pas moins quelque part, dans les éditions attendues de « L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL, des Origines à nos Jours ». La consécration pour une vie faite de générosité et d’engagement.A Dieu,Roxo !
Ibrahima BAKHOUM
Décès du journaliste Moussa Paye
Dakar, 25 mars (APS) – Le journaliste Moussa Paye, ancien agent du ministère de la Communication, est décédé lundi soir à Dakar, a-t-on appris auprès de ses proches.Moussa Paye, formé au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI), était à la retraite. Il était connu pour ses chroniques, éditoriaux et commentaires dans les colonnes de Sud quotidien. Il était un grand connaisseur du mouvement de la gauche sénégalaise.OID/AD
DECES DU JOURNALISTE MOUSSA PAYE :Magum Kër tire sa révérence Magum Kër tire sa révérence
http://www.enqueteplus.com Le monde de la presse, la collectivité léboue, la famille religieuse Layène ont perdu un grand homme qui a beaucoup œuvré dans le domaine de la presse, de la politique et de la recherche. Moussa Paye, ancien fondateur du groupe Sud, du SYNPICS, agent au ministère de la Communication jusqu’à sa retraite, et chroniqueur au quotidien ‘’ENQUETE’’, nous a quittés ce lundi 24 mars. Une pluie de témoignages ont accompagné hier la levée du corps, à la mosquée de Yoff Layène.
Mame Less Camara‘’Il était l’un des meilleurs journalistes de sa génération ‘’
Moussa Paye était certainement l’un des meilleurs journalistes de l’histoire de la presse de ce pays. Il a travaillé avec constance, avec talent et avec une capacité de recherche. Ce qui était étonnant dans les articles de Moussa Paye, c’est la précision des éléments qu’il utilisait et qui lui valait toujours beaucoup de travail de recherche.
C’est aussi quelqu’un qui a donné beaucoup de son énergie et de son temps pour la défense de la profession et de la corporation. Moussa était membre de plusieurs bureaux exécutifs nationaux du Synpics. Moussa continuait de produire, et de s’impliquer dans la défense de la corporation. Il a été un homme intelligent, déterminé et peu bavard. Quand je dirigeais le SYNPICS, Moussa constituait l’aile gauche du bureau exécutif national. Les décisions les plus radicales, si ça ne venait pas de lui, il les soutenait avec courage et foi.
Pape Sa niébé Ndiaye journaliste secrétaire général à l’APS‘’Il était d’une courtoisie exemplaire’’
Moussa, je le connais bien parce que pendant presque trente-deux ans, on a partagé le même immeuble, lui au ministère de la Communication, moi à la direction générale de l’Agence de presse sénégalaise (APS). Je peux témoigner que c’est un homme bon, pieux, très intelligent aussi. Je pense que c’est un professionnel jusqu’au bout des ongles. Un journaliste compétent, expérimenté, aguerri. Sur le plan des relations humaines, c’est un homme d’une courtoisie exemplaire, d’un abord très facile. Et puis vraiment, il était très humain.
El hadji Momar Samb secrétaire général du RTAS‘’Un combattant pour la libération nationale’’
Moussa, on a grandi ensemble à Theurigne. L’engagement politique que nous avons eu dans la vie, c’est avec Moussa. C’est avec lui qu’on a découvert toute la littérature des black panthers. Nous avons mené ensemble les combats sur le terrain avec Cheikh Tidiane Diop. Nous étions ensemble dans les années 70, un peu même avant 1970. C’était vraiment les moments les plus chauds. Nous avons partagé également la passion de la littérature engagée.
Il était un homme de principe qui n’a jamais varié dans sa vie dans l’attitude de combattre l’injustice, de s’engager pour la libération des peuples. Même ses reportages faisaient la part belle aux mouvements de libération en Afrique et dans le monde. Je veux qu’on retienne de Moussa, cet homme engagé pour un idéal et qui ne s’est jamais renié. Il est resté constant et ferme toute sa vie durant. Paix à son âme et que Dieu l’accueille dans Ses Paradis les plus verts, les plus verdoyants et les plus paisibles.
El hadji Amadou Barro Diène‘’Moussa m’a laissé un testament’’ Moussa Paye ? je l’ai connu très jeune vers les années 1966- 1968. Il habitait à Theurigne. Il était souvent avec le professeur Momar Samb. A ce moment, ils étaient élèves et avaient créé un mouvement dénommé : ‘’Jeunesse NDIADIAN NDIAYE’’. Moi, je militais au parti socialiste avec Moustapha Niasse et d’autres amis qui venaient chez moi aux allées du Centenaire, point de rencontre de la jeunesse du parti.
Il avait l’habitude de nous taquiner tous les soirs en nous envoyant des tracs de ‘’NDIADIAN NDIAYE’’, dans lesquels il nous traitait d’anti-révolutionnaires. Alors je peux dire que je l’ai connu. Je l’ai vu grandir. Il fait partie de la sixième promotion du CESTI.
Il n’était pas fan de Senghor, mais ‘’l’enracinement et l’ouverture’’, Moussa les préconisait. Il était un Lébou authentique. Pas plus tard qu’avant-hier samedi, je l’ai convié à un panel qui était organisé par la TFM sur le centenaire de la Médina, il est venu, il est resté avec moi jusqu’à 21h et le soir, il m’a téléphoné pour me demander de continuer l’engagement.
Il m’a laissé presque un testament. Il m’a dit d’œuvrer pour l’unité de notre ethnie, la collectivité léboue, pour l’unité du Cap-Vert et pour l’unité du Sénégal et même pour l’unité de l’Afrique. Il écrivait pour la dépêche diplomatique et signait une chronique sous le pseudonyme de Magum Kër au journal ‘’ENQUETE’’. Nous prions pour lui, que Dieu l’accepte dans Son Paradis.
Saliou Traoré correspondant de l’agence espagnole à Dakar‘’Il était un collègue de grande valeur’’
On est de la même promotion du CESTI. Nous sommes de la sixième promotion du Cesti année 1975-1978. Nous avons fait trois ans au CESTI . Je ne lui connais que des qualités professionnelles et humaines. C’était un excellent professionnel au-dessus de tout soupçon. Il était un homme de rigueur professionnelle, respectueux de l’éthique et de la déontologie. Nous venons de perdre un collègue de grande valeur.
Amadou Gaye ancien du Soleil‘’C’était un intellectuel rigoureux, un musulman et surtout un Lébou’’
On a travaillé dans un journal qui s’appelle Afrique démocratie. Je retiens que c’était un intellectuel rigoureux, un musulman et surtout un Lébou. On ne pouvait pas rester cinq minutes sans qu’il n’évoque les propriétés lébou. Il en parlait avec passion et il connaissait les coins et recoins de cette communauté à laquelle il appartient. Moussa Paye, c’était la rigueur dans l’analyse et la pertinence dans les idées.
Je suis de deux ans son aîné mais il m’a ébloui par sa connaissance du monde politique sénégalais. Et si vous voyez tous ces anciens du Pai, Pit ici présents, cela signifie que c’est une reconnaissance ultime des combats politiques qu’il a eu à mener dans sa courte vie. Moussa Paye était de tous les combats. Et quand on voyage avec lui dans la sous région, on reste fasciné devant le respect que lui vouent ses interlocuteurs. Le coup d’Etat qui a renversé, Thomas Sankara, il peut le raconter dans les détails. Il connaissait presque toute la classe politique burkinabè.
Alassane Diedhiou, conseiller en communication au ministère du Commerce‘’Il nous demandait d’aimer notre métier’’
Nous étions ses cadets, c’était notre aîné. A chaque fois que vous le rencontriez, il affichait le sourire. Vous aviez l’impression qu’il n’avait pas de problème. Il nous conseillait d’aimer notre métier.AIDA DIENE
INHUMATION DE MOUSSA PAYE :Ses qualités intellectuelles et humaines louées http://www.sudonline.sn Le journaliste Moussa Paye repose pour l’éternité au cimetière de Yoff Layène. Il a été inhumé hier, 25 mars. Moussa Paye qui a été victime d’une mort subite, est accompagné dans sa dernière demeure par des journalistes, hommes politiques, personnalités religieuses et coutumières etc. Moussa Paye a été inhumé hier, au cimetière de Yoff Layène. Ses confrères, les hommes de l’opposition et de la mouvance présidentielle, des parents, amis et voisins, des autorités religieuses et coutumières etc ont fait déplacement pour l’accompagner dans sa dernière demeure. J’ai partagé l’université, le Cesti, en particulier avec Moussa Paye. Nous avons cheminé ensemble durant tout notre cursus. Nous sommes allés en France, au Canada et aux États-Unis et depuis, nous nous sommes jamais quittés». « Mamadou Kassé, enseignant au Cesti et camarade de promotion du défunt parle du long compagnonnage avec le disparu : HOMMAGES A MOUSSA PAYE :Un Journaliste au Service des causes nobles http://www.sudonline.sn Permettez-moi de me joindre à vous pour rendre hommage à l’illustre disparu. Moussa Paye, l’une des plus grandes figures du journalisme politique au Sénégal et des luttes de libération nationale en Afrique, a tiré sa révérence. Moussa était simple et agréable, facile d’accès et fidèle en amitié; le journaliste est décrit par ses confrères comme un très grand talent fidèle au combat contre l’arbitraire et l’injustice, jamais en quête de gloire ou d’argent. Il fut un de nos soutiens majeurs dans la bataille de communication contre le régime génocidaire mauritanien du colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya. Moussa Paye-le-pur, ainsi, s’en est allé. |
Le journaliste Moussa Paye n’est plus
http://www.lesoleil.snLe journaliste Moussa Paye est décédé lundi. Il a été inhumé à Dakar, mardi, devant un parterre de personnalités.
La presse sénégalaise a été endeuillée lundi avec le décès du journaliste Moussa Paye. Sortant de la 6e promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), notre confrère a été inhumé le même jour au cimetière musulman de Yoff Layène en présence de plusieurs personnalités. Le défunt journaliste était chroniqueur au quotidien « L’Enquête » sous le pseudonyme de « Magoum Keur ».
A l’enterrement, les témoignages étaient presque unanimes. Le Docteur Diallo Diop du Rnd salue en Moussa Paye « un esprit libre ». M. Diop ajoute : « C’était un homme d’une grande fidélité à la cause de la liberté, à la Nation et de la révolution sociale. Il était aussi un combattant de la cause africaine et du monde entier ». Pour Racine Talla, Dg de la Rts et président de l’Amicale des anciens du Cesti, « Moussa Paye était connu pour sa vaste culture et son esprit indépendant. C’était un modèle de rigueur professionnelle fortement attaché au métier de journaliste. Par ma voix, le bureau de l’amicale des anciens du Cesti dont il était le président d’honneur présente ses condoléances à sa famille ainsi qu’à toute la presse. L’amicale va lui rendre un hommage mérité dans les jours à venir ».
Latyr Diagne, ancien du « Soleil », en tant que voisin de quartier, retient de Paye « un homme jovial qui a toujours le sourire aux lèvres. Sur le plan professionnel, c’était une très belle plume. Il était généreux et avait de bonnes relations avec tout le monde ».Mbaye S. DIAKHATE
Moussa Paye repose désormais au cimetière de Yoff-Layène
Dakar, 25 mars (APS) – L’ancien journaliste sénégalais Moussa Paye a été inhumé mardi soir au cimetière de Yoff-Layène au pied du mausolée de son guide spirituel Limamou Laye, en présence de nombreux proches et connaissances venus lui rendre un ultime hommage.‘’Baye Moussé [autre nom de Moussa] était un membre de cette famille [de Baye Laye], aux côtés de qui il est revenu’’, a dit son cousin maternel Seydi Dial Thiaw Laye, qui dirigeait la cérémonie. Le marabout a saisi l’occasion pour prêcher le retour à Dieu et la pratique assidue de la religion.
Agé de 62 ans, Moussa Paye est décédé lundi soir à Dakar, où il est né, a étudié et a servi notamment au ministère de l’Information (devenue Communication) où il avait pris sa retraite. Il fut un ancien rédacteur en chef de publications internes dudit département.
Diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI), en 1978, Moussa Paye avait présenté un mémoire de fin d’études intitulé « Évolution du syndicalisme au Sénégal depuis 1968 ». Ce sujet préfigurait déjà la trajectoire de sa carrière professionnelle.
Pour les cadets, Paye incarnait la figure du camarade-témoin de l’histoire du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS). Avec d’autres militants, il en avait monté la section du ministère de l’Information, malgré l’ostracisme du régime socialiste de l’époque.
‘’Un journaliste cultivé et désintéressé. Un analyste politique hors pair. Il vient de nous quitter. Que Dieu l’accueille au paradis pour une félicité éternelle’’, a prié pour lui El Hadji Momar Wade, son cadet du CESTI, qui a suscité sur facebook un large élan de sympathie au disparu.
Plume alerte en presse écrite, Moussa Paye traînait un petit handicap dans son élocution. Cependant, il restait un analyste politique surprenant pour ses contradicteurs. Il savait faire prévaloir ses idées en studio de radio, sur plateau de télévision ou dans l’agora, à sa manière.
Cet ancien élève des lettres classiques tirait la force de ses analyses de sa culture livresque, de son expérience de militant de gauche, mais aussi de ses origines de la bourgeoisie léboue du centre-ville de Dakar (Mbott) et de la Médina (Thierigne). Il arrivait tant bien que mal à vivre toutes ces vies.
Membre fondateur du Groupe Sud Communication, Moussa Paye animait des chroniques dans Sud-Mag, Sud-Hebdo et Sud-Quotidien, mais aussi dans plusieurs autres publications. Les plus récentes sont le quotidien Enquête (« Magum Kër ») et dans le magazine Afrique Démocratie.
Grâce à son ami Momar Coumba Diop, Paye a participé à la rédaction d’ouvrages-clés sur l’histoire contemporaine du Sénégal. Dans « Le Sénégal sous Abdoulaye Wade. Le Sopi à l’épreuve du pouvoir » (2013), sa contribution est intitulée « La presse et les lobbies dans le nouveau désordre de l’information ».
Auparavant, Paye a été invité à contribuer à la réalisation des ouvrages dirigés par Diop, dont « La société sénégalaise entre le local et le global » ; « Les nouvelles technologies de l’information et le processus démocratique au Sénégal » ; « Sénégal. Trajectoires d’un État » ; « Le Sénégal, une démocratie du phénix ? » et « Le Sénégal contemporain ».
Journaliste, syndicaliste et militant anti-impérialiste (anti-apartheid aussi), Moussa Paye faisait partie des meilleurs connaisseurs du mouvement de la gauche sénégalaise. Il l’a vécu de l’intérieur avant de s’en détacher, sans reniement. Mieux, il en a gardé des amitiés, mais aussi toutes les contradictions.
Les plus en vue parmi les anciens camarades gauchistes étaient présents à ses obsèques, pour la plupart habillés en boubou, assis à même le sol, suivant le rituel des religieux. Parmi eux, il y avait Landing Savané ou Yéro Déh, à côté de dizaines d’autres, moins connus de la jeune génération.
Le professeur Iba Der Thiam était présent dans la foule, malgré le poids de l’âge. Il a partagé avec Moussa Paye un passé de nationaliste qui leur avait valu un séjour en prison pendant le règne du président Léopold Sédar Senghor.
De Moussa Paye, chacun a témoigné de ses qualités à la fois d’homme de conviction et d’ouverture sur plusieurs mondes, la famille, la presse, la politique et la communauté des fidèles de Limamou Laye.SAB
Décès d’un journaliste émérite : Paye à son âme !
http://www.lequotidien.sn La cérémonie de levée du corps de Moussa Paye a refusé du monde hier. En plus des parents et amis, les professionnels des médias, toutes générations confondues, sont venus rendre un dernier hommage à ce journaliste, dont le professionnalisme n’a jamais été entaché.
Le monde de la presse a perdu un de ses plus fidèles serviteurs. Lors de la cérémonie de levée du corps du journaliste Moussa Paye hier à Yoff, les acteurs des médias ont été unanimes dans leurs témoignages : il était un professionnel accompli. «Moussa était un journaliste distingué de par son professionnalisme et son sens de l’investigation. Il s’est beaucoup investi pour le rayonnement du journalisme», a témoigné Mame Less Camara, journaliste et formateur au Cesti.
Des qualités que lui connaît bien Saliou Traoré, pour avoir été son condisciple au même centre de formation des journalistes. «C’était un excellent professionnel, extrêmement rigoureux et qui avait une haute idée de la profession, également respectueux de l’éthique et de la déontologie», indique le membre de la 6ème promotion du Cesti. Son professionnalisme, ses cadets ont également eu l’occasion de s’en apercevoir. «J’ai eu la chance de connaître le doyen Paye et à chaque fois qu’on parlait, il me disait qu’il faut aimer son métier. La dernière fois qu’on s’est rencontré au ministère de la Communication, je lui ai dit : ‘’Doyen, il paraît que vous êtes à la retraite ?’’ Il m’a dit : ‘’Quand on est journaliste, on n’est jamais à la retraite’’», se souvient Alassane Diédhiou, conseiller en communication du ministère du Commerce.
Du journaliste professionnel, on retiendra également un révolutionnaire qui s’est toujours battu pour ses idéaux. «Moussa Paye, je l’ai connu en tant que journaliste chevronné et homme de gauche rivé sur ses principes. Sa mort est une perte non seulement pour le monde journalistique, mais aussi pour le monde prothésiste sénégalais», dit Thierno Diop, formateur au Cesti.
Moussa Paye fait parti de ceux qui ont créé le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) et n’a jamais cessé de contribuer à sa bonne marche. «Même quand les aînés ont pris leur retraite, il est resté pour travailler avec les jeunes», soutient Mame Less Camara, qui estime qu’on peut lui tirer un chapeau bas, parce qu’il a montré un professionnalisme jusqu’au bout.
Toutefois, Moussa Paye n’a pas attendu d’être journaliste pour s’illustrer dans le combat syndical. «Je l’ai connu en 1965 comme un jeune révolutionnaire et engagé pour la liberté et la démocratie du pays. D’ailleurs, on l’appelait Ndiadiane Ndiaye parce qu’il a toujours été courageux», se rappelle El Hadji Amadou Bara Diène, une de ses connaissances. Mais son combat ne l’a jamais éloigné de ses valeurs traditionnelles. Très attaché à la tradition lébou, Moussa Paye a toujours œuvré pour l’unité de la collectivité. «On était à un colloque samedi dernier pour célébrer les 100 ans de la Médina et il me disait qu’il faut veiller à l’unité de Dakar et de la collectivité lébou», s’est souvenu Amadou Gaye, journaliste au journal Le Soleil. Selon qui d’ailleurs, ce n’est pas un hasard, s’il a été enterré près du mausolée de Seydina Issa Laye à Yoff Layène.dsene@lequotidien.sn
LA DERNIERE CHRONIQUE DE MAGUM KËR :L’engrenage de la discorde
http://www.enqueteplus.com Le Président Macky Sall s’étonne tout haut de ne pas être soutenu par certains secteurs, les syndicats notamment sur de grands dossiers comme les Recommandations des concertations sur l’Enseignement supérieur, l’Audit de la Fonction publique et la mise en terme des logements conventionnés. Néanmoins, il affirme une détermination sans faille à venir bout à bout des résistances : «Tout le monde veut le changement mais quand on engage les ruptures, on a de la résistance.
Mais cela ne nous fera pas reculer.» Il clame donc sa volonté de confrontation en citant les 3 axes de résistance que sont les segments les plus éminents de conception et de l’administration du pays : l’Université, la Fonction publique avec une aile marchante inattendue dans la fronde, la magistrature. L’évocation de syndicats en cette circonstance est sans doute une incongruité ou à tout le moins un anachronisme.
Les syndicats sont en effet les vestiges de l’époque du marxisme triomphant où la classe ouvrière, désormais sortie du champ de conception et de direction des luttes sociales, s’exerçait à la grève. Aujourd’hui, la petite bourgeoisie urbaine de la haute administration, des sociétés nationales et des secteurs vitaux de la nation s’est substituée à elle.
La détermination du président est-elle de bon aloi dans un contexte international nouveau où la gouvernance démocratique, réévaluée par les puissances occidentales, ne s’accommode plus de la durée institutionnelle des mandats présidentiels pour peu que la rue veuille les abréger ? L’Egypte et la Turquie sont sous ce rapport des exemples patents : le désaveu de l’Occident ne s’est pas limité à l’islamiste modéré arabe jugé outrancier mais menace aussi le turc modéré qui rêve d’entrer dans l’Union européenne pour peu que son opposition soit jugée plus accommodante.
Pour le Sénégal où toutes les tendances alliées au gouvernement sont peu ou pro-occidentales, une lutte pour le pouvoir pourrait tourner à la déconfiture du Président Macky Sall. La France en effet, la puissance de tutelle la plus opérante et la plus influente, soutiendrait plus volontiers le Parti socialiste dont les cadres donnent de la voix plus souvent dans un sens antagoniste que de soutien au Président. L’allié supposé du Président Macky Sall, les États-Unis, quoique la puissance la plus déterminante du monde, a toujours eu une politique de déférence envers la France pour ce qui concernait ses anciennes colonies, ce qui devrait le confiner dans l’expectative.
Au moment où le Président Macky Sall décline la gouvernance vertueuse et la nécessité des ruptures sur le ton d’un État fort, force est de constater que l’actuelle alliance gouvernementale a non seulement affaibli l’État par ses tiraillements mais encore que le parti présidentiel est le maillon le plus faible de cette alliance. Les divisions internes y sont plus intenses et plus visibles et pour cela, les conséquences devraient en être les plus meurtrières.
A peine le deuxième Premier ministre de la deuxième alternance installée, des voix polyphoniques se sont élevées pour, selon des pratiques antiques féodales, miner son siège en la posant en future présidente sur un ton faussement admiratif ou en conspiratrice comme l’y prédisposerait une certaine culture politique d’essence trotskiste.
Moins fines, les interventions intempestives sur la question du député El-Hadj Diouf, suggéreraient que ses plus fervents pourfendeurs sont issus du bassin arachidier, son fief d’origine, même si son nouveau fief électoral serait plutôt dans la banlieue dakaroise. Les théoriciens de cette rupture annoncée nourrissent une presse à sensation et à thèse de cet événement attendu comme une certaine allégation d’une dévolution monarchique ou dynastique qui secoua l’ancien régime jusqu’à sa tombée.
Comment un régime assis sur une fondation aussi friable que l’alliance gouvernementale qui compte ses jours, des partis alliés qui se défient les uns les autres et qui se déchirent dans des luttes internes, peut-il forger un appareil d’État à la hauteur des défis qui se sont imposés à lui ? Et qu’il s’est imposé dans son élan volontariste de satisfaire des ruptures supposées qui n’ont fait l’objet d’aucun consensus.
La recherche du consensus n’est d’ailleurs pas le penchant de l’alliance gouvernementale au vu de la manière dont la baisse des loyers dans la zone de Dakar a été annoncée solennellement dans le message du nouvel an du chef de l’État. La thèse de l’Etat garant des intérêts de toutes les couches de la nation, donc impartial que seule la doctrine marxiste de l’État de classe, l’État ouvrier en l’occurrence, contredisait, a pris un sacré coup avec la décision présidentielle.
C’est un parti pris sans ambages pour les locataires contre leurs logeurs qui va générer des conflits d’une indicible intensité avec des répercussions sociales incontrôlables. Si l’initiative était d’essence sociale, la question pertinente qui se poserait serait de savoir laquelle des deux couches de la population dont on oppose les intérêts, les locataires et leurs logeurs, compte le plus de veuves et d’orphelins ?
D’autres initiatives spontanées et apparemment généreuses sont tout aussi discutables quant aux critères de distribution de sommes d’argent alors que d’autres qui demandent le fruit de leur travail sont livrés à la furie des unités mobiles d’intervention de la police ou de la gendarmerie. La question nationale reste non résolue alors que des pays africains se déchirent entre ethnies et religions différentes.
Les interventions militaires des grandes puissances échappent désormais à leur propre contrôle et de loin en loin nos soldats tombent, «sur le champ d’honneur», nous dit-on alors qu’aucune guerre civile n’est une cause sacrée. Même devrait-on en convenir, aucune guerre n’est plus sacrée à l’ère postmoderne où les fils des colonisés franchissent l’océan pour trouver leur bonheur dans les pays anciennement conquérants.
Les guerres se menaient aux frontières pour défendre la patrie, elles se mènent aujourd’hui au sein même des nations et aucune ne peut songer y échapper si les tensions communautaires perdurent. Pensons-y avant que des forces multinationales à tous crins viennent s’interposer entre nous parce que nous aurions perdu les vertus qui fondèrent notre nation, la quête de la paix sociale, de la paix civile et de la paix tout court.