DECLARATION LIMINAIRE POUR LA MISE SUR PIED D’UN SYNDICAT DÉMOCRATIQUE ET DE RUPTURE

2016-06-03

Mesdames, messieurs les journalistes !

Nous, membres du Groupe de Réflexion et de Résistance pour la Sauvegarde du SUTSAS/Authentique (G2RS/SUTSAS), vous remercions très chaleureusement de votre présence à la conférence de presse de ce jour.

Permettez-nous, mesdames et messieurs les journalistes, un bref retour en arrière en vue d’expliciter le sens de notre démarche que d’aucuns ont vite fait de caractériser de fractionniste!

Nous avons, en effet et bien malgré nous, pris la résolution de franchir une étape qualitativement supérieure dans notre entreprise opiniâtre de sauvegarde de notre outil syndical, qu’a jusqu’à présent constitué le SUTSAS.

Notre groupe de résistance né à la veille du congrès de 2007, se voulait, à l’entame, un creuset de réflexions et de propositions adressées aussi bien aux pouvoirs publics qu’à la direction et aux militants du   syndicat.

Nous avions, jusque-là, délibérément opté de nous mouvoir au sein de notre organisation syndicale, malgré des menaces à peine voilées, de sanctions administratives avec la complicité des autorités du Ministère en charge de la Santé, visant les animateurs de notre groupe.

Le summum de ces actes hostiles, contraires à la morale et à l’éthique syndicale  a été atteint par la pseudo-exclusion de certains d’entre nous proposée par le Bureau Exécutif de la Région (BER) de Dakar, début octobre 2013 et prétendument entérinée par la réunion du Comité Exécutif National tenue le 02 mars 2014.

 Nous avions, à l’époque, récusé cette « auto-exclusion », concept qui n’existe pas dans les statuts du SUTSAS, car nous étions convaincus, que la procédure avait été biaisée, du fait que nous n’avons jamais été entendus par les instances régulières de notre syndicat, comme le prévoit l’article 35 de ses statuts.

Toutefois, c’est à partir de 2004 que se manifestèrent les premières tendances déviationnistes de certains dirigeants du SUTSAS.

Ces dérives syndicales n’étaient certes pas spécifiques au Secteur de la Santé et de l’Action Sociale mais entraient dans le cadre plus général de l’offensive du régime libéral d’alors contre le mouvement syndical, qu’il s’efforçait d’arracher à l’influence des partis de gauche, qui y disposaient de fortes positions.

Toujours est-il que c’est lors du Congrès de 2007, qu’allaient se cristalliser les tentatives de mainmise de certains membres du bureau sur le SUTSAS, sous la bannière du vocable de « syndicalisme de développement », qui ne semble être qu’une variante de la participation responsable, contrairement à l’essence de notre orientation basée sur l’autonomie syndicale.

C’est ainsi que le camp du secrétaire général, grâce à une manipulation éhontée de la vente des cartes au niveau de certaines sections, particulièrement celle de l’hôpital Aristide Le Dantec, s’est arrangé pour disposer d’un nombre considérable de délégués. Il se plaçait ainsi, de fait, en position de force, lors des marchandages avec les autres délégués pour constituer les nouvelles instances.

Ce « coup d’état syndical » confirmait le diagnostic sans complaisance de la pratique syndicale au sein du SUTSAS, tel que nous l’avions posé.

Des violations flagrantes des normes démocratiques étaient constatées, notamment :

  • le non-respect de la périodicité de tenue des Congrès ordinaires,
  • l’opacité dans la vente des cartes conduisant à une désignation tronquée des délégués
  • le tripatouillage des textes régissant notre organisation syndicale, permettant de contourner les dispositions statutaires sur les prérogatives et la limitation du nombre de mandats du secrétaire général.

Tout cela a facilité  la confiscation des organes dirigeants et des ressources du syndicat, par un groupe, dont certains membres n’avaient même plus la qualité de travailleurs en activité.

Les nouveaux bonzes syndicalistes, n’ayant rien à envier aux syndicalistes affairistes de triste mémoire, ont exercé leur emprise et continuent d’accentuer leur mainmise sur le syndicat par le biais du SEP (secrétariat exécutif permanent).

Le non-respect de la périodicité des réunions du BEN et du CEN respectivement établies par les statuts à 2 et 6 mois et la démobilisation des sections syndicales devenues léthargiques, car dépossédées de leurs prérogatives et très peu associées à la vie de l’organisation ont fait de ce secrétariat permanent, censé gérer les affaires courantes, un instrument redoutable pour contourner les instances régulières du syndicat.

C’est l’absence de contrôle de la base sur les dirigeants qui est à l’origine des dérives constatées lors des différents mouvements du SUTSAS.

Nous citerons comme illustration, la grève-marathon de trois mois qui s’est déroulée du 10 mai au 13 août 2011. Soucieux, avant tout, d’occulter la tenue du congrès statutaire prévu en avril 2010, mais aussi d’étoffer leur bilan syndical plus que squelettique, le BEN du SUTSAS, ayant torpillé sans état d’âme, l’embryon de Fédération des syndicats de la Santé en construction, avait décrété cette longue grève, qui s’est terminée en queue de poisson, sans aucun acquis tangible.

Mesdames, messieurs les journalistes !

Venons-en maintenant au tournant historique de la déviation syndicale constitué par le fameux congrès sans débat de 2012, qui s’était tenu à huis clos au Méridien Président. L’accès à la salle de délibérations avait été interdit à des délégués dûment mandatés, l’exemple type étant Cheikh Seck, secrétaire général de la section HOGGY, qui a vendu des cartes pour un montant de 350.000 F versés au niveau de la caisse nationale du syndicat, le reçu faisant foi.

Au même moment, d’éminents membres du bureau sortant n’avaient aucune légitimité pour assister aux travaux du Congrès et étaient contraints de jouer aux passagers clandestins dans les délégations du Centre National de Transfusion Sanguine (C.N.T.S.) ou celle des préventionnistes. Nous citerons l’actuel secrétaire général, alors gestionnaire au C.N.T.S, mais présenté au Congrès comme délégué des préventionnistes, des retraités provenant de structures diverses !

 Jamais congrès syndical ne s’était tenu dans une telle confusion !  La désolation et la crainte pour l’avenir avaient marqué la fin des travaux. Par ailleurs, eu égard à la nébuleuse immobilière de NAMORA, on avait eu l’impression, que certains recherchaient une « immunité syndicale », en se réfugiant dans les instances de direction. Mais peine perdue, les procédures judiciaires sont en cours et les coupables ainsi que leurs complices ne perdent rien pour attendre !

Toutes ces pratiques antidémocratiques, ont fini de nous conforter sur la pertinence de notre combat pour un syndicalisme basé sur des valeurs et la justice sociale.

Mesdames et messieurs les journalistes !

Depuis 2012, des membres de notre groupe ont été victimes d’ostracisme voire de répression ouverte. Nous voudrions rappeler les cas les plus caractéristiques de Cheikh Seck et de Guy Marius Sagna.

Pendant que le camarade Sagna était arbitrairement  muté de Sédhiou pour avoir fustigé la gestion peu orthodoxe de l’Etablissement Public de Santé, Cheikh Seck, responsable syndical et représentant du personnel dans le Conseil d’Administration de HOGGY était affecté à la Direction des Etablissements de Santé, pour avoir dénoncé des attributions supposées nébuleuses de marchés.

C’est ce qui nous conduira à adresser une lettre ouverte à Mr le Président de la République, lettre dans laquelle, nous attirions son attention sur « la contradiction flagrante entre son ambition proclamée de gestion sobre et vertueuse et les pratiques de magouille au niveau du système socio-sanitaire, par ceux qui sont chargés de donner corps à sa vision ». Et nous manifestions alors notre totale incompréhension devant ces affectations arbitraires et illégales touchant des pionniers de la lutte anti-corruption, pour protéger des gestionnaires ayant des pratiques aux antipodes de la bonne gouvernance.

Tout cela dans le silence coupable des états-majors des syndicats et la bénédiction des hautes autorités du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale.

Depuis lors, le camarade Cheikh Seck a été rétabli dans ses droits par la Justice de notre pays, alors que l’infatigable Guy Marius Sagna poursuit sa carrière et ses activités syndicales à Dakar.

Mesdames et messieurs les journalistes !

Tous ces travers observés dans la pratique syndicale du SUTSAS, ne sont pas sans occasionner des conséquences catastrophiques.

On note en premier lieu l’extrême dispersion et l’hétérogénéité des acteurs censés servir de contrepoids et/ou de force de propositions. A notre avis, cela est à l’origine de la faiblesse de la riposte des syndicats.

Face à la déficience du leadership de l’Etat, des groupes maffieux prennent les structures socio-sanitaires en otage, pour créer des rentes de situation, qui leur sont favorables.

C’est ainsi qu’il n’est pas exagéré de dire que non seulement le SUTSAS porte une grande part de responsabilité dans l’échec de la Réforme Hospitalière, mais aussi dans la situation délétère qui règne dans la quasi-totalité des hôpitaux sénégalais, comme vient de l’illustrer la révolte des populations de Saint-Louis contre certaines formes de luttes syndicales, qui mettent trop l’accent sur des préoccupations bassement carriéristes aux dépens des légitimes aspirations des communautés à des soins de qualité et financièrement accessibles.

Ce manque de liaison avec les préoccupations des populations va de pair avec une désaffection croissante des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale à l’endroit des organisations syndicales. Nous n’en voulons pour preuve que le fort taux d’abstention aux dernières élections des représentants du personnel étatique aux commissions administratives paritaires et aux conseils de discipline.

C’est dire que s’il faut se féliciter de la nouvelle loi sur le statut du personnel hospitalier, il ne faudra jamais perdre de vue que l’absence de mesures d’accompagnement risque de conduire à la non-soutenabilité de la masse salariale, sans oublier le hiatus prévisible entre les personnels hospitaliers et les autres catégories (ceux évoluant dans l’administration centrale et régionale ainsi que les agents du système de santé de district).

Mesdames et messieurs les journalistes !

Nous ne finirons pas cette déclaration liminaire sans parler du sort fait à nos collègues du secteur social, dont certains viennent d’ailleurs de se constituer en syndicat.

Les travailleurs sociaux, qui pensaient qu’avec le rattachement de l’Action Sociale au Ministère en charge de la Santé leur sort allait s’améliorer, ont dû vite déchanter.  Avant tout, il faut déplorer  le fait que la Direction Générale de l’Action sociale soit dessaisie de ses prérogatives et missions régaliennes au profit de la Délégation Protection Sociale et à la Solidarité Nationale, de même que les faibles budgets dévolus à tous les échelons du sous-secteur de l’Action sociale (du CPRS de quartier à la Direction Générale).

Il serait également souhaitable de valoriser les ressources humaines issues du sous-secteur de l’Action Sociale, en leur confiant des postes de responsabilité.

Mesdames et messieurs les journalistes !

A l’impossible, nul n’est tenu !

Notre souci a toujours été la préservation de l’unité organisationnelle du SUTSAS. Nous savons que nous bénéficions du soutien de l’immense majorité silencieuse des militants du SUTSAS, dont beaucoup semblent nous reprocher le retard pour la mise en place d’une nouvelle organisation syndicale.

C’est la raison pour laquelle nous estimons le moment venu de passer à une autre étape.

Nous entretenons également d’excellents rapports avec les autres syndicats que nous avons d’ailleurs invités à la manifestation de ce jour.

Nous demeurons convaincus, que face à l’émiettement du mouvement syndical dans le secteur de la Santé et de l’Action sociale, notre objectif commun doit être de mettre sur pied une Fédération des syndicats des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale.

C’est pourquoi nous préconisons la transmutation du groupe de réflexion et de résistance pour la sauvegarde du SUTSAS authentique en un syndicat démocratique et de rupture.

Nous lançons, à compter de ce jour, un appel à tous les militants syndicaux et aux travailleurs indépendants, à rejoindre le comité d’initiative pour la création d’un syndicat démocratique voué à la  lutte.

Ce comité sera chargé de réfléchir sur les projets de manifeste, de statut et de règlement intérieur.

C’est donc, contraints et forcés que nous nous engageons vers la création d’un nouveau cadre syndical, tout en ayant en ligne la mise sur pied d’une Fédération des syndicats des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale.

Nous vous remercions de votre attention !

 


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