XALAAS – LA GRANDE DESILLUSION

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Par Bassirou S. NDIAYE

Les partisans du Gladiateur totalisent 85% d’« élus» au sein la nouvelle parure institutionnelle de Ndoumbélaan. Avec l’arrivée du « quota sécuritaire » qu’il s’est adjugé légalement, le Gladiateur pourrait disposer de 92 % d’inconditionnels dans cette fameuse chambre. Mais il ne semble pas se satisfaire de cette majorité impériale et promet de « prendre les choses en mains ». Sic.

Tel un mâle en rut qui a marqué son territoire, se sentirait-il offensé par l’odeur étrangère d’autres mâles avec lesquels aucune coexistence pacifique n’est possible ? S’agit-il d’une intolérance absolue au point ne pouvoir supporter l’expression de moins de 10 % d’opposants à sa politique sur l’échiquier national ? Une telle hypothèse est logiquement improbable car le Gladiateur est convaincu qu’au moins 10 % de la population n’adhère pas à sa politique. S’offusquer qu’une telle réalité s’exprime à travers les urnes est humainement inquiétant, démocratiquement impardonnable.

En analysant le mode de scrutin, la taille du collège électoral et le poids de ses partisans dans certaines localités, le Gladiateur en bon scientifique avait raisonnablement recommandé à ses partisans de se déclarer non-partants dans les zones où ils étaient numériquement faibles. On peut toujours critiquer l’absence de fair-play, et la faiblesse démocratique de cette posture évitant de se faire compter là où il se sent minoritaire. Mais, bien de citoyens avaient salué cette « sagesse ».

Qu’il se soit laissé par la suite convaincre de la disposition d’opposants (scandaleusement exhibés dans les médias comme des trophées de guerre), miraculeusement reconvertis en militants de la vingt cinquième heure à sa politique et capables d’inverser les résultats, a été une erreur politique pour un homme d’Etat.

Après la lecture de la vérité des urnes, le Gladiateur aurait malgré tout pu faire preuve de grandeur en saluant les vainqueurs, d’autant plus que c’est lui qui a fait appel à la mise en place d’une telle structure pour entendre spécifiquement et certainement tenir compte de l’avis des conseils locaux dans leurs diversités. Que ces mêmes conseils se fassent représenter suivant des proportions préétablies par des scrutins antérieurs n’est que logique. Il aurait pu et du s’y conformer au moins publiquement quelles que soient par ailleurs ses intentions cachées.

Pour cela, Goorgorlu qui ne ménage jamais ces politiques incapables de lui assurer la DQ malgré les milliards à leur disposition, avait salué l’attitude du Ministre-Pleureur et occasionnellement chanteur de louanges pendant les inaugurations, qui avait banalisé les résultats comme un fait divers dans une démocratie. Mais le Gladiateur ne l’entend pas de cette oreille.  Et il n’est apparemment pas le seul dans sa coalition. Un vieux militant communiste (néolibéral ?), vient de balancer une analyse rocambolesque où la raison principale de la défaite logique (en tenant compte des paramètres évoqués plus haut), serait plutôt liée au manque de respect des partisans du Gladiateur qui auraient marginalisé les militants de la gauche au niveau des bases ; une gauche où seraient d’ailleurs curieusement exclus les deux principaux membres socialistes de la coalition au pouvoir. Enfin, il donne la recette miracle pour ramener les populations « égarés » de la capitale en particulier, dans les rangs des applaudisseurs. Les échéances de : « un an pour le triomphe de la coalition », puis de « deux ans pour la réélection du Gladiateur », est plus un souhait personnel, une bévue politique intolérable pour la majorité des bases des partis représentés dans la coalition par leurs états majors et qui sont tout sauf des inconditionnels de la coalition actuelle ou du Gladiateur.  Mais cela, Nostradamus Kommunistus ne le sait pas encore.

En s’accusant mutuellement de négligence ou en se lavant les mains de toute responsabilité dans la défaite, les initiateurs du défi politique insensé, laissent croire qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une gifle sur la joue du Gladiateur par ses challengers le plus audacieux mais surtout les plus constants. Sans user des mêmes mots que son homologue outre-Atlantique, le Gladiateur leur a en d’autres termes, promis le recours au « kärcher pour débarrasser la vermine ». Avec cette nouvelle déclaration de guerre qui vient s’ajouter au débat sordide sur la Ndoumbélanité des citoyens, perçu comme une tentative de plus d’exclusion de tous les avis discordants, on ne peut que s’inquiéter sur nos lendemains.

Dans la gestion de la cité, on peut toujours remettre en cause la pertinence de toutes les institutions, exécutives, judiciaires, consultatives ou parlementaires, y compris la magistrature suprême. Confiée à un individu par le suffrage universel direct, ou à un collectif avec à sa tête une individualité ayant la confiance de ses pairs, la gestion d’une institution repose toujours sur des termes de référence et un cahier de charges. Les termes de référence qui définissent la recevabilité ou non de la candidature des postulants, peuvent à la fois être politiques, économiques, juridiques, moraux : subjectifs ou objectifs. Le cahier de charges est par contre, une somme de paramètres quantifiables et vérifiables dont l’avènement requiert des qualités techniques objectivement mesurables. Le doute raisonnable émis sur la capacité individuelle et collective des nouveaux « élus », compte tenu de la faiblesse des ressources humaines au niveau des conseils locaux pouvait être retenu pour justifier le « quota sécuritaire » dont la fonction serait exclusivement technique aux cotés des « élus », donc choisi sur des critères de compétences. La sortie maladroite du Gladiateur contre la présence d’autres sensibilités, tend à donner du crédit à ceux qui disent que la nouvelle parure de la République n’aurait d’autres fonctions que de caser une clientèle politique.

Ceux qui pensaient encore de bonne foi, que le Gladiateur en rassembleur allait profiter de son « quota sécuritaire » pour enrichir son fameux machin de technocrates capables d’accompagner les applaudisseurs inconditionnels, vont sûrement déchanter. Tout laisse penser qu’aucune voix discordante ne sera tolérée dans ce nouveau machin. Là-bas, ne siègeront que ceux savent déjà entonner, ou tout au moins se montrent disposés à apprendre l’hymne au messie où il est peint comme « l’indéracinable élu des dieux à adopter de gré ou de force ». Ceey Ndoumbélaan ! Xalaas.

BANDIA, SEPTEMBRE 2016

 

 


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