Par Bassirou S. NDIAYE
A la veille des importantes échéances législatives puis présidentielles, certains idéalistes en sont encore à regretter l’absence de programmes et de projets de société. Les discours des potentiels protagonistes vont rarement au-delà de dénonciations de l’adversaire, pour sa tête, son lignage, ses fonctions, ou ses pratiques pourtant légitimées par une constitution et des lois qui nous régissent. Est-il besoin de rappeler que notre royaume amorce un tournant historique à l’issue duquel plus rien ne sera plus comme avant. Les enjeux des consultations de 2017, puis celles de 2019 vont largement au-delà de simples querelles de chapelles. Et si certains cherchent à les gagner à tout prix, d’autres se refusent à les perdre quels qu’en soient les coûts.
Le vainqueur aura en effet la lourde charge de gérer un royaume pétrolier, en tout cas, de vendre le premier baril de pétrole et le premier mètre cube de gaz « made in Ndoumbélaan ». Centre d’intérêt de puissances financières, le royaume va bénéficier d’une nouvelle tribune et de nouveaux partenaires dont l’influente OPEP capable de mettre à ses genous les grandes puissances de ce monde. C’est pourquoi, les candidats ne peuvent pas s’abstenir de définir une ligne directrice de leur politique en matière de gestion de ce dossier. Malheureusement, le sujet reste tabou en dehors de critiques des scandales prématurés, annonciateurs d’autres scandales plus grands et plus pernicieux.
Autant les hydrocarbures peuvent être source de progrès, autant ils peuvent destructurer et extravertir une économie nationale en étouffant des secteurs porteurs qui sont aujourd’hui à sa base, y compris le savoir-faire des ressources humaines qui s’y attachent. Nous pensons que les recettes issues des hydrocarbures ne doivent pas être considérées comme une manne providentielle, laissée au bon vouloir d’un gouvernement quelles que soient par ailleurs ses intentions et sa moralité. Il faut légiférer pour encadrer l’utilisation des recettes des issues des hydrocarbures. La multiplication des organes de contrôle et de concertation ne serviront à rien dans un contexte où leurs membres sont nommés et peuvent être relevés de leurs fonctions dès qu’ils se mettent au travail. L’histoire récente de Ndoumbélaan prouve que l’exercice de controle est un métier à risque et les cadres de concertation, plus souvent des prisons dorées pour les clients à la recherche de sinécures.
Elire sans légiférer sur la question des recettes issues des hydrocarbures, c’est donner le mot de passe de la caverne d’Ali Baba aux sept b…. C’est pourquoi, tous les candidats peuvent et doivent s’y engager. A côté des traditionnelles litanies d’approfondissement de la démocratie, ils doivent nous révéler leurs intentions, notamment leurs projets sur les questions comme :
- La part des recettes issues des hydrocarbres dans le budget de fonctionnement de l’état en termes de pourcentages,
- La répartition de ces recettes dans les différents secteurs de l’économie nationale,
- Les mesures pour la défense de l’environnement y compris la réhabilitation des zones directement affectées par leur exploitation, ainsi que la restauration des autres écosystèmes,
- Les mesures de protection et d’indémnisation des populations directement touchées (autchtones et professionnels),
- Etc…
Si la rumeur attribuant le différend entre le Gladiateur et un de ses compagnons venait à se confirmer, aucune loi ne pourrait les départager. Il n’existe en effet, aucun dispositif juridique fixant les critères de choix pour octroyer ou refuser une licence à un tiers. Naturellement, le bon sens pencherait pour le plus offrant. Mais la constitution permet au Gladiateur de donner à qui il veut. On ne peut donc pas lui refuser cette prérogative sans remettre en cause des droits que lui confère une constitution, surtout si on a battu campagne à ses côtés pourqu’il en soit ainsi. Demain aussi, il risque de n’y avoir aucune loi interdisant d’utiliser les recettes issues des hydrocarbures pour acheter des armes ou de distribuer ouvertement des denrées à des populations affamées dans le but de gagner leur sympathie ou de calmer leur courroux.
Si de telles questions qui vont forcément nous rattraper à partir de la prochaine législature venaient à être éludées (inconsciemment ou à dessein), elles constitueraient une bombe à retardement qui va nous exploser à la figure. Les scrutins immédiats ne seront alors qu’une simple bataille localisée dont l’issue ne suffira pas à donner un verdict consensuel. Les résultats ne seront tout au plus qu’un verdict provisoire d’un premier tour, induisant un second moins démocratique. L’éventuel verdict de ce second tour, sera l’annonce d’un troisième peut être sanglant. Astafirou lahi !Ne soyons pas naïfs ! Il est impératif de nous préparer autrement que d’encourager une seconde coalition « supu kanja » sans lendemain parce qu’elle s’oppose simplement au Gladiateur considéré comme une grande désillusion pour ceux qui l’avaient adopté sans vraiment le connaitre. Et ce n’est pas la qualité ou la crédibilité des membres de cette nouvelle coalition qui est en cause, mais bien l’impossible mariage de contraires et/ou d’intérêts antagoniques manifestes. Dites-nous la nature du royaume pour lequel vous militez, ou cherchez à nous engager à vous soutenir ! Dites-nous pour quelle constitution vous vous battez : la république ou la monarchie ? Dites-nous ce que vous pensez des Assises Nationales et de la CNRI. Il est peut-être important de rappeler que la coalition « supu kanja » actuellement au pouvoir les avait approuvées sans réserve même si le Gladiateur a fini par convaincre ses dirigeants d’oublier leurs engagements pour « en tirer ce qui est bon » …. pour lui. Dites-nous si l’Empereur revenant a renoncé à ses projets de dévolution monarchique pour être fréquentable et alternatif à la dynastie actuelle que vous combattez.
Nous dénonçons l’injustice qui a permis au Gladiateur de mettre derrière les barreaux certains d’entre vous au motif de « tentative d’assassinat » contre l’un de ses plus fidèles souteneurs. Nous sommes unanimes à reconnaitre que l’acharnement contre l’un de vos leaders est dicté par une volonté politique de nuire à son image et pourquoi pas d’enterrer ses ambitions politiques. Mais nous ne comprenons toujours pas que certains d’entre vous aient accepté (même dans un moment de faiblesse face à l’épreuve), le soutien matériel et financier du rejeton de l’Empereur déchu, dont la tentative de couronnement avorté, a coûté autant de vies. Comment nous faire digérer ces témoignages éloquents et pathétiques à travers les médias, pour redorer l’image du prédateur en exil ? En acceptant les « dons », d’un voleur condamné et qui se refuse à restituer le produit de ses larcins, ne se sentent-ils pas comme des receleurs ?
Attention !!! La politique et les émotions personnelles et/ou personnalisées, ne font pas toujours bon ménage ! Vous ne pouvez pas argumenter aujourd’hui le contraire des raisons qui nous ont amené à nous battre, sans souiller la mémoire de nos martyrs tombés sur le champ d’honneur. De toute façon Goorgorlu ne cherche pas à changer de roi ou de président-monarque. Il veut simplement changer de statut et c’est strictement sur ce terrain qu’il vous attend.
BANDIA, Mai 2017