PÉNURIE D’INSULINE AU SÉNÉGAL: LE CRI DU COEUR D’UN SPÉCIALISTE.

Au moment où on n’a pas encore fini de parler du problème de l’appareil de radiothérapie, les autorités ferment les yeux sur un autre scandale sanitaire aussi grave (s’il ne l’est pas plus, parce touchant un plus grand nombre de patients), celui de l’absence quasi totale d’INSULINE sur l’ensemble du territoire national.

Il s’agit d’une hormone qui ne coûte 3 fois rien (moins de 1000 francs), mais oh combien vitale, et sans laquelle bon nombre de diabétiques risquent une mort certaine.

Ce qui est le plus regrettable, c’est que cela se passe dans l’indifférence totale, et que tout simplement, parce que quelques fonctionnaires, payés avec l’argent du contribuable, n’ont pas passé la commande à temps et que les stocks se sont rapidement épuisés.

Mais où sont donc passées les associations consuméristes et surtout les associations de diabétiques de ce pays ?

Où sont donc ces média à sensation qui nous en mettent plein la vue et les oreilles avec leurs faits divers, parce qu’en manque de thèmes intéressants ?

Où sont ces politiciens qui, à longueur de journée, ne cessent de nous casser les tympans avec leurs histoires qui frisent le ridicule ?

Où est donc la société civile ?

Et le Ministre de la Santé dans tout ça ?

Voilà un vrai scandale qui mériterait, plus que tout, d’être débattu et dénoncé. Ceux qui me connaissent savent que ne suis pas homme à verser dans le dilatoire. Mais c’est tout simplement parce que je suis outré, peiné et touché par ces innombrables coup de fil reçu de patients paniqués (parce que craignant pour leur vie) et de confrères désemparés qui ne savent plus à quel saint se vouer, que j’ai décidé d’être le porte-voix de ces sans voix.

De grâce, qu’on ne nous serve pas encore ce prétexte fallacieux qui veut que l’insuline, parce que subventionné au Sénégal, fait l’objet d’un trafic vers les pays limitrophes. C’est une chansons que nous ne connaissons que trop. Des trafics, il y en toujours eu, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Mais c’est aux autorités compétentes d’y remédier et non à ces pauvres patients diabétiques d’en faire les frais.

C’est donc le cœur meurtri que j’en appelle à tous ces Sénégalais, à commencer par le 1er d’entre eux, de tout faire pour régler définitivement et le plus rapidement possible, ce problème qui n’a que trop duré et qui met en danger la vie de cette frange si vulnérable de nos concitoyens, si tant est-il qu’il leur reste encore un brin d’humanité et d’humanisme.

Dr Jean Michel DIONE


POST-SCRIPTUM:

Je remercie tous ceux et celles qui ont bien voulu réagir au post que j’avais fait au sujet de la pénurie d’insuline au Sénégal.

Comme je m’y attendais et sans doute vous aussi, un démenti virulent nous a été servi. Mais peu importe, si c’était à refaire je l’aurai refait pour le bien-être des patients, qui est ma seule préoccupation au quotidien.

Je n’accuse personne et je n’en ai nullement l’intention, mais chacun, suivant son niveau de responsabilité, si toutefois son seul souci est la santé des populations, aura sur la conscience tous les désagréments qu’une pareille situation pourrait avoir causés.

En tout cas, avons-nous tous ensemble réussi à les ébranler et à les faire se secouer pour que le problème soit rapidement réglé et que pareille situation ne se reproduise plus jamais.

Pour l’instant, et en attendant que le fameux stock dont on nous parle (pour info, nous détenons de source sûre que la commande n’est arrivé qu’en fin de semaine dernière, c’est à dire il n’y a pas plus de 3 à 4 jours), en attendant donc que ce produit vital arrive jusqu’à la pharmacie du coin ou peut-être que nos amis de l’association des diabétiques veuillent bien leur en apporter (puisqu’ils en ont un grand stock), nos patients sous insuline devront prendre leur mal en patience et nous avec eux, en croisant les doigts pour le pire ne se produise pas.


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