Les anti-modèles

Prêcheurs, crieurs publics, objecteurs de conscience, ils avaient fini par incarner l’esprit de refus si cher aux nostalgiques des valeurs du royaume violé. Condamnant par des mots, et dénonçant les maux de Ndoumbélaan, ils avaient réussi à fédérer autour de leur quotidien de slogans, les espoirs d’hommes et de femmes, convaincus qu’un autre monde est possible : un monde sans mensonge, sans reniement politique et social, et sans renégats : un monde normal. Lorsqu’ils ont revêtu des couleurs d’opposants pour descendre dans l’arène, certains ont pensé juste qu’ils étaient désolés de ne pas être entendus : « Mer ngembu ». D’autres plus sceptiques, avaient deviné, des desseins plutôt sombres : « naafeq. Les premiers coups reçus ont vite persuadés les « Mer ngembu », qu’ils étaient loin de la catégorie, certains même peut être, simplement inaptes au combat. Les « Naafeq » quant à eux, ont simplement regagné leurs loges après avoir joué leurs partitions dans la tragi-comédie, leur mirage éphémère dans les rangs de l’opposition étant le bain de boue qui légitime leur existence au sein de la cour où transhumants, déserteurs idéologiques, et prisonniers de guerre jouent des coudes pour se faire une place.

Puisqu’ils voulaient tous du pouvoir ou des parcelles de pouvoir, ils ont fini par s’accrocher au taxi-clando du Gladiateur, seul moyen menant à leur destination et/ou permettant de quitter sans frais, les lieux d’incertitudes et de menaces de disettes. Considérés comme de gros poissons ou de menus fretins, le Gladiateur ne se fait point d’illusions au sujet de ces compagnons d’un soir, et ne cherchera pas à en faire des alliés même à moyens termes. Il est convaincu que leur nature est de transhumer, de se déplacer au gré de la pluie et du beau temps sans jamais chercher à prendre racine. Contre sa paille, il réclamera d’eux leurs déchets naturels, (leurs seules ressources recyclables), pour fertiliser ses champs en espérant les reverdir et attirer d’autres transhumants pour un troisième mandat…. avec l’avis du conseil constitutionnel.

L’hétérogénéité des parcours, de l’extrême gauche à l’extrême droite, de descendants de Saltigués aux jihadistes, rend difficile une conclusion d’ensemble. Mais qu’il s’agisse d’une stratégie d’infiltration à la manière du cheval de Troie, ou de désertion de combattants usés et démoralisés, le Gladiateur en a fait une arme redoutable qui range l’opposition sans exception au statut de simple ballot de friperie à sa merci et à moindre coût. S’ils n’apportent vraiment rien en termes de bonus électoral, leurs gestes participent à démobiliser les électeurs et surtout convaincre nos jeunes concitoyens, que l’homme politique, quel que soit le discours, reste un vendeur de chimères sans valeur et un égoïste qui ne s’occupe que de ses propres intérêts. A qui profite donc le crime ?

Après la reddition peu honorable mais justifiée du dernier nominé sur la liste peu enviable des candidats à la reddition des comptes, un nouveau postulant enturbanné vient de déposer son « satala » devant la chapelle du Gladiateur en promettant de lui concocter un hymne à sa gloire. Ajoutée à la rumeur d’une prétendue allégeance de notre « Barak Obama » national, l’allusion à un énième protocole entre le Gladiateur et le singulier rejeton de l’Empereur déchu par l’avocat prétendant au trône, ne fait que brouiller d’avantage les pistes pour Goorgorlu. Ce nouveau protocole abjecte, une mayonnaise d’œufs de serpents à sonnette et de crocodiles, pétrie dans la clandestinité, ferait-il enfin du rejeton, le successeur toléré du Gladiateur ? Là où le forcing de la dévolution monarchique a échoué, l’obligation morale d’un retour d’ascenseur ne lui dicterait-il pas alors de céder lui-même le témoin au pigiste devenu « fonctionnaire du ministre des finances qui a accepté de sacrifier sa carrière pour ne pas gêner son frère» SIC. ? Le chemin semble en tout cas plus que balisé pour une nouvelle dynastie sous nosyeux à l’ombre d’un ultime « bara yeggo » libéral.

 

Les chroniques de Bandia, Janvier 2019


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