Les « samedis de l’économie » sont une initiative d’ARCADE soutenue par la Fondation Rosa Luxemburg
« Samedi de l’économie » du 12 décembre 2020
Thème: 60 ans après les indépendances : quel bilan économique et social pour l’Afrique? Deuxième partie
Lieu: Séance virtuelle via Zoom
Intervenants:
Pr. Moustapha Kassé, Doyen honoraire de la FASEG (UCAD)
Dr. Chérif Salif Sy, Directeur du Forum du Tiers Monde (FTM)
Modérateur: Dr. Alioune Sall, Directeur exécutif de l’Institut des futurs africains (IFA)
Introduction
La séance de décembre est la suite de celle organisée en novembre dernier. Les participants avaient proposé de poursuivre et d’approfondir les débats sur le bilan pour deux raisons. D’abord, pour permettre aux nombreuses personnes qui avaient raté la séance de novembre de pouvoir contribuer aux discussions. En effet, des problèmes techniques liés aux erreurs de manipulation du lien ZOOM avaient empêché beaucoup de personnes au Sénégal et hors du pays de prendre part à la séance.
Ensuite, plusieurs participants ont des suggéré d’approfondir les discussions sur un sujet aussi important et également d’élargir les débats à des aspects politiques, culturels, qui sont tout aussi pertinents que les aspects économiques et sociaux quand il s’agit du bilan des indépendances.
Par ailleurs, les débats ont fait ressortir la nécessité d’aller au-delà du bilan en essayant de proposer des perspectives, autrement dit, un paradigme de développement différent de ceux suivis par la plupart des pays africains au cours des 60 dernières années.
Les facteurs explicatifs du bilan
Pour rappel, lors de la première séance, on a exposé les facteurs externes et internes qui expliquent l’échec du bilan du développement en Afrique. Parmi les facteurs externes, il y a la persistance de la domination des anciennes puissances coloniales et les règles du système financier et commercial international contrôlé par les pays occidentaux. Cela se traduit par la division internationale du travail faisant de l’Afrique une pourvoyeuse de matières premières et importatrice de produits finis. Cette situation n’a pas beaucoup changé, 60 ans après. Cela a accentué la dépendance extérieure des pays africains et renforcé le caractère extraverti de leurs économies.
Cette dépendance se traduit par l’influence considérable, qui frise l’arrogance, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) dans l’orientation et la mise en œuvre des politiques de développement en Afrique, surtout à partir de la fin des années 1970 et le début des années 1980. Cette influence est illustrée par l’imposition des programmes d’ajustement structurel (PAS) et les tentatives systématiques visant à torpiller les initiatives africaines qui essaient de proposer des modèles de développement conçus par les Africains eux-mêmes. On connait le sort réservé au Plan d’Action de Lagos (PAL), au CARPAS ou encore au Traité d’Abuja. Chacune de ces initiatives fut contrée par la Banque mondiale dans le but de promouvoir des politiques inspirées du paradigme néolibéral et enfoncer davantage les pays africains dans la mondialisation capitaliste.
Les facteurs internes au passif du bilan des indépendances comprennent la faiblesse du leadership et celle des Etats hérités de la colonisation ainsi que l’émiettement du continent, malgré les tentatives de regroupement au niveau régional ou continental. A ces facteurs, il faut ajouter le niveau élevé de pauvreté, le faible niveau de l’éducation et des divisions ethniques qui ont contribué à affaiblir les tentatives de construction nationale.
Mais fondamentalement, l’échec des expériences de développement en Afrique est étroitement lié à la faillite du modèle néocolonial et surtout du modèle néolibéral. Par conséquent, le rejet de ce modèle et des théories orthodoxes qui le sous-tendent est une des conditions sine qua non pour que l’Afrique puisse s’engager dans la voie d’un développement autocentré.
Quelles alternatives ?
Cela passe par la promotion d’un paradigme conçu par les Africains eux-mêmes. L’Agenda 2063 de l’Union africaine peut-il constituer ce nouveau paradigme ? Ou bien, est-t-il une nouvelle copie des paradigmes passés ?
En dehors de l’Union africaine, des organisations proposent de construire « l’Afrique que nous voulons », c’est-à-dire une Afrique pour les Africains et par les Africains. Ce qui implique de renouer avec les expériences du PAL et d’avoir l’audace de « penser par nous-mêmes » comme le recommandait feu le Pr. Samir Amin
Agenda
10:30-10:45: Ouverture du Zoom et accueil des participantes/participants
10:45-11:00: Mots de bienvenue (ARCADE)
11:00-11:15 : Introduction du modérateur, Dr. Alioune Sall
11:15-12:00: Interventions du Pr. M. Kassé et du Dr. CS Sy
12:00-13:00: Débats
13:00-13:30 : Réactions du Pr. Kassé et du Dr. Sy
13:30-13:45: Résumé & conclusion du modérateur