LE CHEF DE L’OPPOSITION

RÉSUMÉ
La notion de chef de l’opposition reste peu étudiée par les travaux de science
politique, alors même que la personnalisation et la médiatisation de la vie politique ont incontestablement conduit à une valorisation de ce rôle. Ce paradoxe s’explique sans doute par la prudence des sciences sociales dans le traitement des acteurs individuels, mais également par la difficulté à définir précisément les contours de ce rôle politique (peu reconnu par les mécanismes institutionnels classiques) et à identifier les dépositaires de cette fonction.

Cet article se propose dès lors de mobiliser trois séries de variables
d’analyse pour étudier le chef de l’opposition : les déterminants institutionnels classiques, notamment la forme du régime ; les logiques de fonctionnement des systèmes de partis, déterminées pour partie par les modes de scrutin ; les éléments « personnels » associés au charisme supposé des chefs de l’opposition et à leur maîtrise des médias. En appliquant ces variables aux systèmes politiques allemand, américain, britannique, français et italien, on
constate que cette fonction de chef de l’opposition est peu codifiée, rarement monopolisée et de plus en plus dépendante des «caractéristiques » personnelles associées aux acteurs politiques concernés.

EXTRAIT

ANALYSER LE STATUT ET LE RÔLE des chefs de l’opposition dans les principales démocraties occidentales nécessite tout d’abord de spécifier ce que l’on définit ordinairement comme « l’opposition ».
La spécification la plus simple et la plus utile repose sans doute sur le schéma d’analyse proposé par Giovanni Sartori dans ses études sur les systèmes de partis et tend à définir l’opposition comme l’ensemble des forces partisanes qui ont pour vocation de prendre le pouvoir, d’alimenter une critique des gouvernants actuels et de définir une alternative programmatique. Ce sont ici les « partis dans le système », mais (temporairement) minoritaires et tenus à l’écart des fonctions de décision qui sont concernés par la distinction proposée par Sartori, ce qui exclut par conséquent du champ de l’opposition, dans ce sens restreint, les forces politiques qui se caractérisent par une opposition plus ou moins violente au système politique dans son entier et/ou qui n’ont pas la volonté ou les moyens d’accéder à des fonctions exécutives.
Dans les régimes contemporains, et notamment dans les pays que nous considérerons ici (États-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie et France), adopter une telle perspective conduit par conséquent à exclure de notre étude les partis d’extrême droite et d’extrême gauche, dont les positions idéologiques et les organisations interdisent en pratique tout accès au pouvoir.


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