L’âge des certitudes.

Ils nous demandent comme des moutons de les remercier de tondre notre laine, comme des vaches de traire notre lait. Et nous serions même des ingrats car s’ils n’avaient pas assuré notre sécurité au sein de leur enclos de la néo colonisation plus de soixante ans durant, (après les siècles d’esclavage et de colonisation), les terroristes islamistes (qu’il ont nourris et armés), nous auraient décimés en tant que nations depuis longtemps. L’extrême droite ne peut pas dire pire que ce que le dernier rejeton à la tête de l’Empire vient de servir aux peuples africains. Après l’arrogance du Général Colonial qui a vendu son « référendum », avec la carotte aux partisans du « oui » et le bâton aux indépendantistes, c’est la haine qui suinte de la bouche de son héritier.

Qu’on s’en plaigne ou qu’on s’en vante, une certitude largement partagée, est que le pouvoir à Ndoumbélaan est entre les mains des jeunes. Faut-il rappeler qu’ils sont arrivés là par la volonté de populations qui ont renié la pratique d’une génération qui se disait à l’abri d’erreurs parce qu’instruite par l’expérience. Une génération dont la pratique s’apparentait aux taches quotidiennes de chiens-bergers dont le rôle exclusif n’allait pas au-delà de la gestion du troupeau pour des maitres commis à la traite et à l’abattage des meilleurs sujets. L’inquiétude supposée ou réelle de « l’inexpérience des jeunes » souvent brandie comme thème de campagne était d’ailleurs son cheval de bataille pour susciter la peur, même si les raisons politiques, économiques, et socioculturelles étaient ailleurs.

Le « projet » n’est certainement pas à l’abri d’erreurs et ce n’est pas parce qu’il est piloté par des jeunes mais bien parce qu’ils expérimentent des voies inédites qui ont été ignorées par leurs devanciers à moins que ces derniers aient manqué de courage et d’audace pour les emprunter. Peut-être un contexte historique particulier pouvait justifier la prudence des pionniers. Mais c’est eux qui ont initié la descente aux enfers des jeunes nations en inscrivant dans le temps leurs pratiques.  Ils les ont même institutionnalisées, bâti un système d’inféodation et de subordination de nos peuples, créé les conditions de transmission du témoin de la soumission et de la déchéance, de la peur et du doute à leurs héritiers sélectionnés dans le tas.

Ceux qui ont connu Patrice Lumumba, kwame Nkruma, Amilcar Cabral, Ernest Ouandié, et autre Thomas Sankara, manifesteront forcément des inquiétudes, émettront des doutes et des réserves qui ne doivent en aucun cas être interprétés comme des oppositions. Ceux qui ont battu le pavé et peut-être connu la prison pour avoir manifesté en faveur de Salvador Allende, mesurent à leurs justes valeurs les capacités de nuisance de l’impérialisme. Ceux qui ont enterré Oumar Blodin Diop, Alfousseni Cissé, et… plus de quatre-vingt jeunes à la fleur de l’âge, plus récemment, trembleront comme des parents qui voient leur enfant faire ses premiers pas. Des premiers pas dans la jungle impérialiste et néocoloniale où les prédateurs au sommet de la chaine de l’économie mondiale, incapables de changer de régime alimentaire sont prêts à tout.

Dans ces conditions, Le « projet » exposé aux menaces intérieures et extérieures (politiquement normales), ne pourrait se permettre d’être dirigé par une armée mexicaine. Il a besoin de son état-major sous la direction d’un chef accepté et reconnu comme tel, de ses officiers et de ses hommes de troupe. Quelle que soit la qualité de ses soldats, leurs rôles devraient se limiter à se battre en première ligne, quel que soit le courage de ses officiers, leurs tâches ne devraient pas aller au-delà de concevoir et de faire vivre le « projet ». Toute confusion des rôles ne peut qu’être fatale. Suivez mon regard. Méditez aussi ce proverbe : « que Dieu me préserve de mes amis, mes ennemis, je m’en charge ». Comme pour dire que les adversaires politiques du « projet », sont moins dangereux que les amis qui s’opposent au leadership et à la hiérarchie des rôles qui en garantissent les succès.

Les chroniques de Bandia, Janvier 2025.